Lettre depuis la prison pour femmes de Fleury-Mérogis

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Classé dans : Luttes & solidarité Mots clés : répression

Publié le 5 mai 2016 sur paris-luttes.info.

Rassemblement samedi 07 mai 2016 à 13h00 devant la MAF de Fleury-Mérogis !

À Fleury-Mérogis, le 4 mai 2016

Bonjour,

Nous vous écrivons de la MAF de Fleury-Mérogis pour vous informer des changements effectués par la direction concernant les horaires de promenade après le passage au système de promenade unique et de la suite des mouvements que nous, les prisonnières, avons réalisés. Nous constatons que le but de l’Administration Pénitentiaire est de restreindre les mouvements des prisonnières au minimum. Le système mis en place nous oblige à choisir entre prendre l’air 2 petites heures ou réaliser une autre activité que ce soit sportive ou culturelle. Si notre activité, et même notre parloir, coïncide avec la promenade ce jour-là nous ne sortons pas. Le week-end, comme nous vous l’avions déjà communiqué, il n’y a pas d’activités et, par contre, il y a souvent des parloirs, alors nous restons enfermées en cellule pendant des heures et des heures à attendre la promenade du lendemain. Alors nos demandes sont soit de remettre en place les deux promenades par jour, soit de prolonger le temps de la promenade de l’après-midi.

Après les protestations que nous avons réalisées ces dernières semaines le directeur adjoint, M. Parscau, nous avait demandé du temps pour faire quelques ajustements et pour réfléchir sur nos demandes concernant le week-end. Pendant ce temps quelques blocages ont été réalisés. Le week-end du 16 avril nous étions 6 personnes du côté condamné et 34 du côté prévenu encouragées par le soutien reçu de l’extérieur. Ce samedi-là nous avons entendu les cris des manifestant‑es au loin et de l’intérieur nous avons essayé de nous faire entendre, ce qui nous a valu d’être escortées jusqu’aux parloirs sous la menace d’interrompre nos parloirs si nous persistions à crier. Nos proches nous ont transmis avec joie l’ambiance de l’extérieur, pour eux aussi c’est important de sentir que nous ne sommes pas seules dans notre lutte.

Et pendant ce temps la répression a continué. La Commission d’Aménagement des Peines (CAP) du mois d’avril est passée. Des permissions de sortie et l’octroi de remise de peines ont été refusés pour plusieurs femmes ayant participé aux blocages. Après il s’est avéré qu’il y avait des documents manquants ou d’autres raisons pour ces refus, mais ils se sont bien chargés de noter les blocages comme en étant la cause. De notre côté nous avons décidé de rester systématiquement les deux heures en promenade, pas une minute de moins, ce qui nous coûte des tensions et des rapports au quotidien, mais au moins nous avons constaté que les matonnes ne se permettent pas de raccourcir autant le temps de la promenade.

Finalement, le résultat des profondes réflexions de la direction est arrivé et les ajustements se sont traduits par la mise en place d’un premier appel et la possibilité de réintégrer la promenade si on se trouvait ailleurs à condition qu’il reste au moins 20 minutes avant la fin. Concernant le week-end… maintenant les samedi et dimanche nous sortirons les après-midi de 15h00 à 17h00 !! C’est à dire que maintenant nous passerons toute la matinée enfermées. Ce changement n’arrange en rien notre situation, et pire, nous montre que la direction reste fixée sur le système de promenade unique de deux heures.

Pas étonnant, avec ces gens c’est impossible de raisonner. Nous parlons de conditions de vie dignes, ils parlent de règlement. Nous parlons d’entraide, de partage, eux parlent de trafic. Nous parlons d’humanité, ils parlent de textes de loi. Nous parlons de besoin de communiquer, de discuter, de se rencontrer, eux parlent de sécurité et d’isolement. Ils font leur loi, ils créent des systèmes de contrôle qui naissent des besoins de réprimer les problèmes qu’ils ont eux-mêmes créé, c’est la machine qui s’alimente elle-même. C’est en nous menant à bout et en créant des tensions qu’ils justifient leur dérive sécuritaire et répressive.

Nous continuerons à nous battre pour des conditions dignes à l’intérieur comme vous le faites à l’extérieur. En espérant vous entendre à nouveau le samedi prochain nous envoyons une forte accolade enragée et solidaire à toutes celles et ceux qui luttent et résistent.

Départ groupé/co-voiturage : Rendez-vous à 11h45 Porte d’Orléans, rue de la Légion étrangère au croisement avec la rue Ernest Reyer pour un départ en co-voiturage (appel à tous ceux qui ont une voiture !). En fonction du nombre, le reste du groupe prendra le bus 109 à 12h20, l’arrêt est situé en face il me semble sur l’avenue de la porte d’Orléans au croisement avec l’avenue Paul Appell.

Pour s’y rendre en transport en commun :

  • bus 109, direct depuis la porte d’Orléans : départ à 12h20- arrivée à 13h00 à la MAF (le suivant 50’ plus tard, donc faut pas le louper !) Retour ligne manuel
  • RER C ou D, jusqu’à Juvisy prendre la sortie Condorcet et prendre le bus DM05 : départ 12h23- arrivée à 12h51 à la maison d’arrêt des femmes (le suivant 40’ plus tard).
  • RER D direction Corbeil-Essonnes jusqu’à Grigny Centre. Puis prendre le bus 510 à la gare RER : départ 12h17- arrivée à la maison d’arrêt des hommes à 12h35 ; ou le suivant départ à 12h47, arrivée 13h05.

Pour s’y rendre en voiture :

  • Depuis le périph’ suivre la A6 en direction d’Evry, puis prendre la sortie n°7 fleury-mérogis. Suivre l’avenue Victor Schoelcher puis avenue du Docteur Fichez (entre 2 ronds-point), la maison d’arrêt est indiquée sur la gauche.

Pour écrire au directeur de la MAF :

M.Parscau - Directeur adjoint à la MAF
MAF de Fleury-Mérogis
9, Avenue des Peupliers
91 705 Saint-Geneviève-des-bois Cedex
Fax : 0033-169460336

M. Parscau,

Les conditions de vie que vous voulez imposer à la MAF de Fleury-Mérogis constituent une atteinte à la dignité humaine.

Le système de promenade unique et alternée suppose un enfermement (dans une cellule sans aération, sans douche et sans frigo) qui peut se prolonger pendant 26 heures les jours où il n’y a pas d’activité ni sport (ce qui arrive souvent), et surtout le week-end.

Je réclame des conditions dignes et que les demandes des prisonnières soient prises en compte.

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